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Ressources de l’épisode

Suggestions ou questions

Chapitres

  1. Le burnout des hypersensibles
  2. Déclencheur et facteurs de risque du burnout
  3. La descente aux enfers
  4. Manipulation et défense passive

Introduction

Dans le dernier épisode, j’ai abordé le burnout[1] spécifique aux hypersensibles, à travers ma propre expérience. L’épisode d’aujourd’hui est la suite. Si vous avez raté le précédent, vous pouvez le trouver à l’adresse : Le burnout des personnes sensibles (1)

Le burnout des hypersensibles

On entend habituellement le burnout comme un effondrement physique ou mental causé par le surmenage ou le stress. On y associe fréquemment le statut de cadre ou les métiers de la santé.

Pourtant, on peut ne pas être cadre, ni dépassée par la charge de travail et se consumer quand même à petit feu.

Le burnout est un épuisement émotionnel, physique et mental. Lorsque j’évoque le mot « émotionnel » et si vous vous connaissez un peu, vous comprenez immédiatement pourquoi les personnes sensibles sont particulièrement à risque.

DigiPD / Pixabay

Déclencheur et facteurs de risque du burnout

Le déclencheur

J’ai largement abrégé et occulté des événements de mon histoire. Cela aurait été trop long à raconter. Le processus s’étant déroulé sur plusieurs années.

Pour résumer : je me suis vite aperçu que l’organisation du travail ne me convenait pas. Mais je n’ai pas voulu porter un jugement trop rapide. J’ai attendu quelques mois. Puis je me suis intégrée dans l’entreprise. J’y ai trouvé des avantages sur plusieurs aspects. Alors j’ai supporté la situation. Le piège doré (évoqué dans le dernier épisode) s’était refermé sur moi sans que je le réalise.

J’ai toujours été consciente de mon besoin de calme et de solitude. J’ai donc tiré profit des avantages dont je disposais dans cette entreprise pour m’accorder des pauses salutaires. J’ai notamment fait un voyage à vélo de 2 mois en solo la 4ème année. Ce voyage m’a fait beaucoup de bien.

Paradoxalement, il a été le déclencheur de l’accélération du processus.

D’abord, parce qu’il a renforcé mon mental. Ensuite, parce qu’il m’a fait goûter à une totale liberté sur une longue période. La liberté qui est ma valeur primordiale. Et dont je ne disposais évidemment pas en tant que salariée.

Les facteurs de risque

Le burnout aujourd’hui n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle. Et je suis assez d’accord avec cela. Parce qu’à mon avis, il y a deux facteurs indissociables qui le déclenchent :

  1. Un facteur externe :

Un stress extrême et chronique provoqué par le cadre professionnel. Les causes de ce stress sont multiples et variées. Elles proviennent souvent d’une organisation du travail et/ou d’un management inadaptés.

  1. Un facteur interne :

Il peut être différent selon les personnes. On verra cependant qu’il y a des situations, personnalités et mode de vie qui le génère systématiquement.

Pour moi, cela a été le concours de 3 choses :

  • Ma recherche de sens et de liberté.
  • Une inadéquation entre mes valeurs et ce que je percevais de l’entreprise.
  • Mon hypersensibilité au bruit.

[genericon icon=pinned color=#ce374f size=2x]  Votre état de stress ne dépend pas que de facteurs externes mais aussi -et SURTOUT – de votre ressenti.

La descente aux enfers

L’éloignement ne fait que suspendre le problème

J’étais rentrée physiquement de voyage, mais mon esprit était encore là-bas.

Le travail a repris son cours, et avec lui, la même ambiance, le même bruit. Après avoir goûté le calme des bivouacs en pleine nature, les longues journées à pédaler dans des paysages plus grandioses les uns que les autres, j’ai eu beaucoup de mal à me réadapter.

Cette escapade avait été la source d’une profonde introspection et de nombreuses remises en question. Je suis rentrée déterminée à ne pas sacrifier mon poste de travail. Mais avec la volonté de résoudre le problème.

Le conflit sous-jacent perdurait dans notre bureau. J’ai tenu quelques mois puis j’ai retrouvé les symptômes physiques que j’avais déjà éprouvés les années précédentes. Sauf qu’ils se sont intensifiés.

Il n’y a pas de fumée sans feu

J’étais anémiée. J’attrapais infection sur infection. Quand j’arrivais chez moi le soir, je m’écroulais sur mon canapé, vidée de toute énergie. Je souffrais de réveils nocturnes durant lesquels j’angoissais sur la situation au travail, ce qui me fatiguait encore davantage…

Je parlais bien de la situation avec quelques amis et collègues. Certains me soutenaient. Mais face à mon apparente détermination, ils ne prenaient pas conscience de la gravité de la situation. Comment auraient-ils pu alors que moi-même je ne le réalisais pas ?!

Pendant ce temps, le DRH poursuivait son travail de sape pour m’isoler. Mon N+1 s’est progressivement retourné contre moi. Cela s’est traduit par ma mise à l’écart du groupe. On ne m’adressait plus la parole que pour le strict nécessaire. L’ambiance dans le service était lourde et glaciale.

J’ai vécu ces comportements comme un manque de considération à mon égard. J’étais déçue, triste, je ressentais un profond sentiment d’injustice. Toutes ces émotions se sont transformées peu à peu en une immense colère. Une colère froide que je contenais au travail, qui me portait. Et que j’évacuais quand elle était trop lourde en multipliant mes séances de sport.

Ces émotions m’épuisaient. Pourtant, j’avais toujours l’espoir d’améliorer les choses.

Mais j’étais de plus en plus fatiguée. Je ramassais des quantités anormales de cheveux sur ma brosse. Mes douleurs au dos s’étaient intensifiées pour devenir chroniques. Mais les radiographies effectuées non rien révélé. Il s’agissait seulement de tensions musculaires… J’en avais plein le dos, au sens littéral du terme !

Free-Photos / Pixabay

Manipulations et défense passive

Culpabilisation et mensonge

En début d’année suivante, le DRH a souhaité faire mon entretien annuel. M’indiquant que mon chef n’était pas en mesure de le faire. Le problème avec les entretiens annuels, c’est qu’on ne peut pas s’y faire assister par un représentant du personnel. L’échange a duré 3 heures non-stop. Trois longues heures. Le DRH a commencé par prétendre vouloir arranger les choses. Mais devoir me tenir des propos désagréables. Et que je ne devrai pas me mettre en arrêt maladie.

Après cet avertissement, il a sorti le grand jeu.

Il a commencé par me reprocher des réflexions que j’avais faites sur l’organisation du service. Il m’a blâmé pour « mes nombreuses absences » de l’année précédente. En réalité : 15 jours de congés payés accolés à 15 jours de formation professionnelle. Ainsi qu’un arrêt maladie de 8 jours alors que j’étais venue travailler malgré 40° C de fièvre. Il a rajouté mon absence de 2 mois, 2 ans auparavant. Congé qui avait été validé par tout le monde, y compris la direction générale.

Il a par contre minimisé un comportement agressif d’une de mes collègues à mon égard, auquel il avait personnellement assisté. Il a dédaigné les contributions professionnelles que j’avais réalisées dans l’année. Il a prétendu que j’avais des responsabilités sur un projet que je n’aurai pas assumées. Alors que ces responsabilités incombaient à mon N+1 et qu’il le savait pertinemment…

Je passe sur les différentes attaques en règle de cet entretien qui était tout sauf objectives.

Pas de témoin, pas de preuve.

J’étais consciente de ces tentatives de manipulations. J’ai recadré les propos qui ne s’appuyaient pas sur des faits ou qui étaient inexacts. Mais je ne pouvais pas empêcher d’être impactée émotionnellement.

Un manipulateur est très habile. Il cerne parfaitement votre personnalité. Il joue sur les non-dits, les silences, les hésitations. Il utilise un discours vague, cherche à vous culpabiliser, à vous rabaisser. Il arrive à vous faire douter de vous-même, à réduire votre confiance en vous. Il vous considère comme un pion à déplacer pour arriver à son but.

Dans mon cas, il s’agissait de me pousser à la démission.

stevepb / Pixabay

Sauver sa peau

J’ai réalisé que toutes les tentatives que j’avais faites pour arranger la situation étaient vaines. Ma présence dans le groupe était devenue indésirable. Je ne faisais pas le poids.

Il fallait que je me repose pour réfléchir à ce que je voulais et pouvais faire. Une dizaine de jours après l’entretien annuel, j’ai sollicité des congés qui m’ont été refusé par le DRH sous un prétexte fallacieux. Je suis donc allée voir mon médecin traitant. Au vu de mon état d’épuisement général, il m’a immédiatement mise en arrêt de travail pour un mois.

Malheureusement, j’aurais dû accepter de m’arrêter beaucoup plus tôt. Bien qu’étant sortie de ce contexte toxique, mes pensées étaient accaparées par le conflit. J’avais à présent des difficultés à m’assoupir en plus de me réveiller la nuit sans pouvoir me rendormir pendant des heures.

J’ai essayé de me reposer du mieux possible. Avec l’angoisse latente de la reprise du travail… Jusqu’à ce que je reçoive une analyse de sang anormale…

Examens complémentaires, face-à-face avec le spécialiste…

Quand on prononce devant vous les mots « lésion pré-cancéreuse au dernier stade», vous ne retenez que le mot « cancer ». Vous avez peur. Et vous pleurez.

C’est ce que j’ai fait…

Je vous raconterai la fin de mon histoire dans le prochain épisode.

D’ici-là, je vous en prie, faites très attention à vous.

À très bientôt.

 

[1] J’utilise le mot anglais, orthographié sans espace et qui signifie littéralement : « la réduction à néant d’un carburant ou d’une substance par la combustion ». Cette définition met bien en avant le fait que le burnout est une maladie de la perte de l’énergie.